bibliothécaires
« Oui, voyez-vous, le plus beau des métiers, c’est d’être bibliothécaire »
Lu sur la liste bibliopat :
« Un jour du printemps 42, le général De Gaulle était très sombre. […] Après le déjeuner, pris à l’hôtel en tête à tête, et pendant lequel le Général avait très peu parlé, brusquement, sur le trottoir de gauche de Saint-James, en descendant après Piccadilly, et avant de tourner à Carlton Gardens […] le général de Gaulle me dit brusquement: « Oui, voyez-vous, le plus beau des métiers, c’est d’être bibliothécaire ». A l’époque, le personnage ne se prêtait pas particulièrement à une affirmation de cette nature, et alors j’essayais d’enchaîner et je me souvins qu’on avait un jour offert à mon père, qui était universitaire, la direction de la très belle bibliothèque du Palais-Bourbon et je lui dis et il me répond: « Oh non, non pas une grande bibliothèque comme ça, non un poste de petit bibliothécaire dans une petite ville en Bretagne. Ah quelle belle vie, dit-il, on est là, on lit tout ce qu’on veut avec une très grande tranquillité et puis à soixante ans brusquement on est pris de frénésie et on pond une biographie de quatre-vingts pages: « Madame de Sévigné est-elle passée par Pontivy ? » Et alors là on embête tout le monde, on se dispute avec le chanoine qui prétend que non, eh bien, croyez-moi, c’est la plus belle vie ».
[témoignage de François Coulet, aide de camp de De Gaulle in Daniel Rondeau et Roger Stéphane, Des hommes libres 1940-1945 : la France libre par ceux qui l’ont faite, Grasset, 1997]
Misère de la librairie face aux supermarchés de la culture…une
Aujourd’hui, 18 novembre 2008 sur Facebook, Thierry Guichard (du Matricule des anges) « se demande ce qu’il faut faire pour que les librairies commandent en masse Le petit traité d’éducation lubrique (de Lydie Salvayre, paru aux éditions Cadex) qui rend nos vies sexuelles plus épatantes. »
Cela fait des semaines que j’ai envie d’écrire un billet d’humeur sur les librairies, où plutôt sur ce qu’elles sont devenues…
Alors, cette petite réflexion parue sur le mur facebookien de TG se prête bien à mes humeurs maussades et massacreuses…
Moi aussi, je l’ai cherché ce bouquin !
Je me suis dit, bon, les libraires ne connaissent pas les éditions Cadex, passe encore. Encore que…
Mais, qu’ils n’aient pas commandé le dernier bouquin de Lydie Salvayre, un auteur qui se vend c’est à n’y rien comprendre…
Faut dire que dans ma petite bourgade du sud de la France, nous ne sommes pas aussi bien achalandés que les heureux habitants fréquentant les Sauramps de Montpellier, les A plus d’un titre de Lyon ou la merveilleuse Dérive de Grenoble qui vient de fêter ses 30 ans. Là, je cite des librairies où le livre et les auteurs règnent en maîtres car le libraire n’a pas oublié son métier. Des librairies où l’on peut se perdre ou encore trouver ce dont on a besoin quand on en a envie.
Car, dans les autres librairies, que constate-t’on ? De plus en plus d’amas de poupées de politiciens à transpercer d’aiguilles, des livres présentés comme des légumes dans des cagettes ou toutes ses âneries de bandes dessinées soi-disant drôles sur les prénoms ou autre rayon ensoleillé de BD… La BD ça est marrant !
Alors quand on cherche le dernier bouquin de Lydie Salvayre, un classique comme Bouvard et Pécuchet (Du fonds, monsieur, on peut vous le commander !) ou encore la dernière bande dessinée de Stéphane Blanquet, on ne les trouve pas… Limite, on me regarde avec des gros yeux… Y veut pas m’acheter le dernier Fermine plutôt, parce que j’en ai une sacrée pile !
Parce que quoi ?
Le librairie surnage dans les offices qu’on lui impose, dans les cartons de livres à déballer, les mises en valeur des inestimables livres – pas du tout coup éditorial pour faire de la tune mais vraie rencontre entre artistes rebelles qui souffrent j’ai nommé BHL versus MH – ce genre d’âneries, vous voyez… je me moque, c’est un peu facile, vous en conviendrez… il suffit de passer la porte…
Choix… stratégies des maisons d’éditions… Nos pauvres libraires ne font plus leur métier à cause des factures à payer, des offices qui n’arrêtent plus… fuite en avant dans le tonneau des danaïdes de la consommation… produire, produire… est-ce que ca se vend, toutes ces choses qui encombrent une librairie ?
Sans doute…
Je ne suis pas libraire…
Avant que d’être un acheteur un peu particulier (un bibliothécaire), je suis en premier lieu un amoureux de la librairie et du travail des libraires. Celui qui conseille, qui fait des choix… Pendant plus de 20 ans, une librairie spécialisée en philosophie (Le sphinx) à Grenoble a refusé les offices et elle existe toujours… On y trouve toujours des merveilles…
Comment allez-vous faire, chers libraires, pour résister à Amazon dans cette course poursuite ? A coup sûr, Amazon est la tortue…
Comment allez-vous faire, chers libraires, quand Google va recevoir dans quelques jours la bénédiction juridique de sa numérisation sauvage d’ouvrages (Google books) ? Ce sera un sacré changement, cette autorisation… la fin d’une époque !
Comme nous, pauvres bibliothécaires que nous sommes, vous allez perdre vos derniers usagers face aux possibilités de l’internet et de son offre en ligne qui ne s’arrête jamais de croître.
A moins de…
réagir… de faire ce que vous savez faire…
vendre du livre et pas des emballages qui ressemblent à des livres
proposer davantage de conseil, de la médiation en stoppant toutes ces mises en place de produits manufacturés…
pour revenir à une librairie riche en conseils et nous, à des bibliothèques conviviales, tout autant dispendieuses de promesses et de découvertes.
Les quelques librairies que j’ai citées plus haut le font… Un librairie, Le Bleuet, perdue en Provence le fait déjà à Banon (04), village de 878 hbts avec une librairie de 100 000 ouvrages ! Les raisons de son succès ? « Le bouche à oreille dû à un fonds sans cesse en constitution », estime le libraire. « Les gens savent que je développe les collections à fond », dit-il, citant en exemple Babel (Actes Sud, 600 titres), les Cahiers rouges (Grasset, 300 titres) ou encore la prestigieuse collection de la Pléiade. « Je laisse aussi du temps au livre. Contrairement à d’autres librairies où ils sont renvoyés à l’éditeur au bout de trois mois, les livres peuvent rester chez moi quelques années« .
Et si on remettait en valeur le livre ?
Nous sommes responsables en allant acheter nos livres n’importe où, dans les supermarchés de la culture qui petit à petit détruisent la poule aux œufs d’or (Livres qui sont pourtant protégés par une loi sur un prix unique )
A ce jour, je ne l’ai toujours pas mon Lydie Salvayre !
Je viens d’aller le commander chez Bibliosurf… c’est un libraire en ligne, un anti-amazon… un début de solution, sans doute…
Fin temporaire de ce billet d’humeur…
Ajout « positif » du samedi 22 novembre 2008 : une libraire qui expérimente…
« Il y a quelques mois, ActuaLitté s’est fait l’écho de l’idée originale de Danièle GAY, libraire de son état dans le petit village charentais de Saujon (Charente Maritime). Dans la librairie « Lignes d’Horizons », sur la Place de l’Eglise, à deux pas de la Seudre qui coule ses eaux tranquilles vers le bassin de Marennes-Oléron, Danièle a décidé de ne pas rester tranquille du tout et déploie toute son énergie pour faire partager sa passion des livres et de la lecture. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de créer un Prix Littéraire ! Un autre ? Encore, direz-vous ! Ben, oui ! Mais un Prix un peu particulier. Écoutez plutôt… » Voir la suite sur l’excellent site Actuallité.
Ajout du vendredi 28 novembre 2008 : des libraires qui réfléchissent…
Accueillir le numérique ? Une mutation pour la librairie et le commerce du livre est un blog, » fruit d’un travail de plusieurs mois d’une commission réunie par l’ALIRE (Association des librairies informatisées et utilisatrices de réseaux électroniques) et le SLF (Syndicat de la librairie française). Point par point, ses auteurs répondent aux grandes questions posées par le développement de l’édition électronique et identifient les défis qu’elle lance aux professions du livre« .
« Pour le livre également, la révolution numérique est en marche. Les libraires français en sont bien conscients et n’entendent pas en rester des acteurs passifs. »
Leur rapport de trouve donc sur ce blog et tente de répondre aux questions suivantes : « Comment permettre aux libraires de jouer un rôle concret dans le nouvel environnement du numérique ? Y a-t-il un risque de voir disparaître certains prescripteurs traditionnels ? Quel sera l’impact de la numérisation sur l’enrichissement des fonds et sur l’élargissement de l’offre éditoriale ? Comment les auteurs eux-mêmes envisagent-ils l’arrivée du numérique ? Autant de questions posées à tous les acteurs de la chaîne du livre – auteurs, éditeurs, diffuseurs, distributeurs et libraires -, qui ont tout à gagner à accompagner, en douceur, la mutation de leurs métiers en concertation avec les organisation professionnelles et interprofessionnelles qualifiées. «
Juste une remarque – mais on a l’habitude – les bibliothécaires ne sont-ils pas des acteurs de la chaine du livre ?
Silence
(Les photos ne sont pas des montages mais le reflet d’une triste réalité… de la barquette, de l’emballage.. mesdames, messieurs, approchez, il est bon mon fromage !)
Biblioflux et Discoflux : 2 initiatives à saluer !
Qui a dit que les bibliothécaires ou les documentalistes ne suivaient pas les avancées des technologies ?
Les deux expériences qui suivent montrent une belle appropriation des agrégateurs de flux RSS.
Biblioflux fonctionne comme un répertoire de blogs. Il propose une sélection de sources sur les bibliothèques, le livre, et les sciences de l’information. Né de l’initiative d’ un biblioblogueur documentaliste (auteur du blog La conjuration/notes), il agrége au moyen des fils RSS, des biblioblogs ou des sites culturels dans trois rubriques informatives : sciences de l’information, monde des bibliothèques, Le livre et l’édition. Dans la rubrique PLUS, vous saurez tout pour créer votre propre agrégateur de la manière la plus efficace et la plus adaptée à votre problématique. Vous pourriez ainsi vous créer des agrégateurs thématiques consacrés à la littérature adulte ou jeunesse, à la cuisine, aux scouts, à ce que vous voulez en fait…
Les bibliothécaires musicaux de l’ACIM ne sont pas en reste. Ils ont réalisé Discoflux sur un principe analogue et leur obsession majeure : la musique. De plus, en créant votre compte, vous avez la possibilité de créer une page de veille personnelle en ajoutant les sites que vous suivez régulièrement. (Rubrique : Ajouter des modules).
Ne lâchez plus ce fil, si j’ose dire… Un dernier mot : essayez !
Silence