Une épidémie de Fabien Clouette (Publie.net, 2013) – Eloge de la lecture numérique (ELN), 1
Des extraits du texte lu valent mieux que de longs discours? Pour une nouvelle rubrique qui donnera à découvrir des livres numériques ou des textes issus du web littéraire, fictions ou non fiction, essais ou parfois expérimentations autour de la lecture… et celles plus particulièrement autour de la lecture numérique, qui est toujours de la lecture… Je commence donc par ce texte de Fabien Clouette, découvert sur nerval.fr : magazine de fictions et de littérature en ligne et devenu, depuis quelques jours, un livre numérique…
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« Voilà cinq semaines que je suis enfermé. La quarantaine généralisée prend fin à midi. J’ai reçu une lettre de R. Les épidémies qui ont touché la ville dernièrement l’ont remplie de terreur. Sa grand-tante est presque morte dans ses bras un matin, avant de ressusciter au souper. Les murs de la citadelle sont glacés, et laissent apparaître des veines rouges de…
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Un objet qui ne respecte pas les droits du lecteur mérite-t-il de s’appeler livre ?
Hier devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée était discutée une proposition de loi présentée par le rapporteur Christian Kert de l’UMP, dont le but est d’interdire la gratuité des frais de port afin de préserver les libraires de la concurrence d’Amazon. Au cours de la discussion, la députée Isabelle Attard (EELV) s’est attachée à démontrer qu’une telle mesure « ne peut prétendre changer quoi que ce soit à l’état du commerce du livre en France » et qu’elle revenait à « prendre le problème par le petit bout de la lorgnette ».
Au lieu d’essayer de rétablir l’équilibre de l’écosystème du livre par le biais d’une Lex Amazon, elle s’est livrée une analyse beaucoup plus générale de la question du livre numérique et a proposé une mesure très intéressante, qui pourrait s’avérer bénéfique pour les libraires, mais aussi pour les lecteurs.
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Un conte pour imaginer le (No) Futur du Droit d’Auteur
Billet important sur l’avenir du droit d’auteur… à faire circuler… Merci Lionel pour cet éclairage… FQ
Le mois dernier, la Modern Poland Foundation a lancé sur Indiegogo un concours original intitulé Future of Copyright. Elle demandait aux internautes d’imaginer quel pourrait être le futur du droit d’auteur et d’envoyer leurs contributions sous la forme de textes ou de vidéos.
Dix textes ont été rassemblés sous la forme d’une anthologie, téléchargeable comme un livre numérique sous licence CC-BY-SA. Le jury, qui comportait notamment le professeur Michael Geist, a choisi de décerner le premier prix à Aymeric Mansoux, pour un texte intitulé Morphology of A Copyright Tale (Morphologie du conte du droit d’auteur), inspiré de l’ouvrage Morphologie du conte du flokloriste russe Vladimir Propp.
Ayant étudié de nombreux contes traditionnels, Propp avait avancé l’idée qu’ils suivaient tous une sorte de structure sous-jacente immuable en 31 étapes, dont il a proposé une modélisation dans son ouvrage en 1928. Aymeric Mansoux a réutilisé ce canevas pour raconter…
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Comment les auteurs (certains) se saisissent du Web pour renouveler notre expérience de lecture ? Présentation au Congrès de l’ABF 2013 à Lyon
Je suis intervenu Vendredi 7 juin au Congrès de l’ABF sur l’atelier intitulé : « Comment le numérique modifie le rapport à la lecture ? Le rôle de la médiathèque, fabrique du citoyen« .
Vous trouverez ma flânerie subjective et non exhaustive ici : Promenade dans le Web littéraire de 2013
Bonne découverte
Franck Queyraud
P.S. :
La Quinzaine littéraire n’est pas encore tirée d’affaire ! (un appel aux enseignants et aux bibliothécaires)
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Je relaie cet appel qui émane du site Œuvres ouvertes de Laurent Margantin avec sa complicité, bien entendu…
Chers bibliothécaires, pourquoi ne pas imaginer une mise en valeur de La Quinzaines littéraire auprès de vos lecteurs pour susciter des abonnements… Franck Queyraud
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Plus bas un premier bilan de Maurice Nadeau sur l’action pour sauver la Quinzaine littéraire, à paraître dans le prochain numéro du journal le 1er juin. Il fallait, il faut 80 000 euros, c’est actuellement la moitié de la somme qui a été réunie via des abonnements et des contributions à la Société des lecteurs de la Quinzaine en train d’être mise en place. C’est encore insuffisant hélas, de quoi relancer le journal quelques mois tout au plus. Il est impératif de réunir la totalité de la somme avant l’été. Je ne peux donc qu’inviter les soutiens de la Quinzaine sur Internet et ailleurs à continuer à relayer l’information. On peut, on doit imprimer l’appel de Maurice Nadeau et l’afficher dans les bibliothèques, les salles de professeurs. Parce que la Quinzaine, depuis cinquante ans, c’est une critique indépendante dont on a plus que jamais besoin, à une époque où de nombreux journaux et magazines se contentent de vendre des livres sans réelle valeur littéraire. Il est essentiel que le maximum soit fait dans le courant du mois de juin. Un seul mot d’ordre : ne partez pas en vacances sans avoir sauvé la Quinzaine. D’avance merci !
La Quinzaine littéraire continue ! par Maurice Nadeau
Notre appel dans La Quinzaine du 16 mai : « Vous ne laisserez pas mourir La Quinzaine littéraire ! » a été largement entendu.
D’abord et curieusement par nos amis des sites internet, qui ne sont pas ennemis, on le voit, de la presse écrite. Merci aux nombreux sites de Paris et de province, à Laurent Margantin (île de la Réunion), Olivier Morel (États-Unis), nos amis exilés de Chine, cet ami inconnu du Japon.
L’AFP n’a pas été sourde. Ni « le Monde des livres » : « Solidarité avec La Quinzaine », demande Jean Birnbaum, ni Libération, ni Télérama, ni certains quotidiens de province.
Quant aux amis de partout, ils forment une première vague où nous sommes émus de retrouver François Maspero ou Pierre Alechinsky.
Le 27 mai, les souscriptions à la « Société des contributeurs et lecteurs de La Quinzaine littéraire (SCLQL) » s’élèvent à 31 000 € et les dons à l’Association des « Amis de La Quinzaine littéraire (AQL) » à 13 027 €.
Nous vous rappelons qu’il est possible d’effectuer une souscription ou un don par chèque, respectivement à l’ordre de la SCLQL et de l’AQL, à l’adresse postale du journal (135, rue Saint-Martin, 75194 Paris Cedex 04), ou bien sur l’interface http://www.quinzaine-litteraire.presse.fr. Le site internet permet en outre de suivre en temps réel le compteur du financement participatif.
Grâce à vous, de près et de loin, La Quinzaine continue.
Q. L.
Quant aux informations relatives à notre appel, vous les trouverez sur les blogs : http://lecteursdelaquinzainelitteraire.wordpress.com/ ou http://laquinzaine.wordpress.com/.
Bibliothécaires de tous les pays, connaissez-vous la revue numérique D’ici là ?
Bibliothécaires de tous les pays, connaissez-vous la revue numérique D’ici là ? Son numéro 9 vient de paraître chez Publie.net, et vous pouvez la découvrir aussi sur son site…
Une belle expérience pour découvrir les possibilités de l’epub…
Franck Queyraud
Le neuvième numéro de la revue d’ici là est consacré à la nuit :
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure… »
Le Pont Mirabeau, Guillaume Apollinaire
Sommaire du numéro :
Présentation complète des auteurs et liens vers leurs sites sur le site de la revue
42 auteurs / 198 pages
Sommaire :
ana nb, François Bonneau, Michel Brosseau, Daniel Cabanis, Benoît Chailleux, Claude Chambard, Christiane Cohendy, Floriane de Lassée, Caroline Diaz, Marc-Antoine Durand, Claude Favre, Marin Favre, Jean-Yves Fick, Patrick Froehlich, Rémi Froger, Xavier Galaup, Stéphane Gantelet, Maryse Hache, Paola Hivelin, Sabine Huynh, Emmanuèle Jawad, Christine Jeanney, Philippe De Jonckherre, Pierre Ménard, Juliette Mézenc, Grégory Noirot, Isabelle Pariente-Butterlin, Laurent Pernot, Cécile Portier, Franck Queyraud, James Reeve, Mathieu Rivat, Antoinette Rouvroy, Francis Royo, Anne Savelli, Joachim Séné, Aurore Soares, Jean-Pierre Suaudeau, Jérémy Taleyson, Nicolas Tardy, Éva Truffaut, Voxfazer.
Bande son :
Voxfazer : Nuit . Anne Savelli : Tu n’es jamais seul/e dans la nuit . Marc-Antoine Durand & Christiane Cohendy : Que ferais-je de moi à la nuit ? Marin Favre (sur un poème de Jean Tardieu, interprété par le quatuor Maria Braun (chant : Dominique Favat, violon et percussions Marin Favre, violoncelle Olivier de Monès, percussions multiples Jean Pierlot)) : Quand la nuit . Patrick Froehlich : Voix organiques . François Bonneau : Impossible à remplir . ana nb : Est-ce la nuit à tes côtés ? Antoinette Rouvroy : Insomnie.
Direction artistique : Pierre Ménard
Création ePub : Gwen Catala
PUBLIE.PAPIER : le sas entre livres « papier » et epub : appel à mes collègues bibliothécaires…
Chers collègues bibliothécaires,
je réveille ce blog pour une naissance importante et une belle solution pour les bibliothèques qui souhaitent promouvoir une maison d’édition contemporaine (mais pas que) et se lancer dans le livre numérique auprès de leurs usagers.
Bientôt, début juillet, la coopérative d’auteurs Publie.net, propulsée par François Bon innovera de nouveau et se lancera dans la POD (Print on Demand), avec l’ouverture de Publie.Papier et le partenariat du réseau Hachette Livres.
En quoi ça consiste ? Les livres numériques du site Publie.net deviendront disponibles à l’impression à la demande – une cinquantaine pour commencer sur les 573 du catalogue à ce jour – et seront accompagnés du fichier numérique en epub, téléchargeable grâce à un code. Les bibliothèques pourront ainsi constituer une double collection, papier et numérique et cerise sur le gâteau : auront le droit de télécharger (et non de le consulter en streaming !) le fichier epub du livre sur une liseuse ou une tablette, disponible ainsi pour leurs usagers. C’est une évolution qui j’espère fera des petits… rassurera les éditeurs… C’est sans doute aussi une solution pour la librairie indépendante, permettant, entre autres, une gestion différente du fonds disponible : Ombres blanches à Toulouse se lance dans l’expérience.
Quelques remarques non-exhaustives sur la nécessité de ne plus attendre pour promouvoir le livre numérique en bibliothèques (merci de compléter dans vos commentaires) :
Le moment est venu, chers collègues bibliothécaires, de repositionner les bibliothèques comme un médiateur vital dans la chaine du livre – garant de la diversité culturelle – en ces temps numériques et démontrer aux « grands » éditeurs que le développement du livre numérique peut passer par les bibliothèques (présentes sur terre depuis environ 3 ooo ans… un peu d’humour…)
Je vous avoue que cette offre Publie.papier me ravit notamment pour la constitution de collections de livres numériques permettant aux bibliothèques de conserver sur leurs serveurs, les fichiers numériques des livres acquis. Je suis un peu revenu du mirage de l’accès dans le grand nuage. Je ne pense pas que la conservation du savoir et des connaissances doit être assurée par des sociétés privées tentaculaires, hégémoniques et partiales (Vous voyez de qui je parle !). Les bibliothèques publiques sont des organismes neutres et pérennes garantissant un accès et une mémoire sur le long terme. Je sais que je ne vais pas plaire à tout le monde en parlant de collections de livres numériques mais je ne crois plus au miraculeux nuage où tout serait disponible. Désolé.
Pour mémoire, actuellement, les diffuseurs de livres numériques pour les bibliothèques ne proposent que la lecture en streaming sur écran ou sur tablettes tactiles par crainte du piratage des fichiers (Sauf L’Harmattan et Numilog). On peut comprendre. Certes il n’y a pas de DRM mais quid de la souplesse d’utilisation ! Je veux pouvoir bénéficier des avantages de l’epub même si je ne suis pas connecté ! Selon la qualité de la liseuse en ligne, on perd parfois les meilleures caractéristiques du livre disponibles en téléchargement.
Pensons à nos lecteurs : ceux-ci n’ont pas tous, les moyens financiers suffisants pour investir dans de coûteuses et éphémères tablettes tactiles ou de moins coûteuses mais tout aussi éphémères liseuses à encre électronique. Il est bon de rappeler que la bibliothèque permet aussi à nos publics les moins fortunés d’accéder aux ressources du savoir. Evidence qui ne l’est plus. Pour les autres lecteurs, on peut comprendre également leur hésitation : quel matériel choisir est une récurrente question que nous posent nos usagers !
Il est temps, chers collègues bibliothécaires, de se lancer dans des expérimentations en créant des espaces de découverte de la lecture numérique comme le NUMERILAB qui vient d’ouvrir à la Médiathèqe de Saint-Raphaël au sein du réseau MEDIATEM ou encore l’expérience Tab en Bib en Midi-Pyrénées… Allez voir… Il faut dépasser la phase « gadget technologique » pour nous recentrer sur nos sujets de prédilection : le développement de la lecture publique (qui est numérique aussi dorénavant), de la musique numérique (music me dans le Haut-Rhin) et de la VOD. Bref, continuer à assumer nos missions ancestrales : préserver la diversité d’accès à tous les types de ressources et de savoir.
Lire en streaming nécessite une connexion à Internet (coûteuse). Le téléchargement de livres numériques sur tablettes ou liseuses permet une lecture sans connexion. D’autre part, allez-vous sérieusement lire A la recherche du temps perdu sur l’écran de votre pc, mac ou autres portables ? Pour lire, de la littérature ou même d’indigestes rapports administratifs (pléonasme), nous avons besoin d’un certain confort. Et c’est peut-être cela que les lecteurs sceptiques envers la lecture numérique reprochent à la lecture sur écran ou sur de lourdes tablettes. Les livres ont cette faculté particulière : vous pouvez faire le poirier avec si vous le souhaitez (peut-être pas avec l’Universalis ! ), ou vous affaler partout : du canapé au pré proche de la rivière (Oh c’est beau !). La lecture nécessite une position confortable du corps.
Enfin, je deviens de plus en plus un adepte des liseuses électroniques qui sont des outils spécifiquement dédiés à la lecture. Je pense que proposer une offre de livres numériques sur un portail de bibliothèque ne suffit pas. Il faut accompagner, faire de la médiation vers ces nouveaux outils, démontrer que ce ne sont pas de jolis joujous technologiques mais de formidables petits appareils permettant d’annoter, rechercher et puis, lire aussi, et transporter facilement sa bibliothèque dans sa poche. La médiation peut passer par des animations avec les liseuses (lectures à haute voix), un renouvellement de notre antique club de lecture, la création de concours de lectures numériques avec ateliers d’écritures numériques, que sais-je encore ?
Les tablettes tactiles permettent la connexion à Internet pour faire de la lecture numérique mais aussi tout autre chose : lire son courrier, participer à un réseau social, jouer, découvrir des applications, se laisser distraire par des vidéos, ou les tweets humoristiques de vos amis. Notre attention est sans cesse mise à l’épreuve. Les expériences en cours (Numerilab et Tab en Bib) permettront de dire aussi les usages de nos publics. Vont-ils se servir des tablettes comme de simples accès à Internet, les tablettes remplaceront-elles les désormais vieux postes d’accès de l’espace multimédia ? 😉
Voilà quelques remarques d’un praticien… ne prétendant pas à l’exhaustivité… nous sommes dans une période de mutation très perturbante car elle nécessitera une reformulation totale de l’offre de formation continue de nos métiers, et une réorganisation de nos espaces, de nos services et de notre management d’équipe.
Je salue donc ce magnifique travail proposé avec ce PUBLIE. PAPIER. Et ce qui est toujours intéressant avec cette équipe là, c’est que vous pouvez suivre la naissance de ce nouveau projet, régulilèrement, en suivant le journal de bord.
A vous de jouer maintenant… C’est simple ou presque…
Franck Queyraud
Développer la médiation documentaire numérique en bibliothèques… ouvrage collectif sous la direction de Xavier Galaup
Je reprends intégralement le billet de Xavier Galaup pour faire la promotion de ce nouveau livre de l’ENSSIB : disponible pour la première fois sous forme papier et numérique. (Pour commander). Et très heureux d’avoir contribué à ce projet… Allez, bibliothécaires, encore un effort pour repositionner la bibliothèque et ses missions ancestrales dans son époque…
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J’ai le plaisir de vous annoncer la parution aux presses de l’Enssib d’un livre sur la médiation documentaire numérique. L’école m’a fait l’honneur de m’en confier la coordination et même si ce ne fut pas une mince affaire, l’entreprise fût passionnante non seulement dans la réflexion sur son contenu mais aussi grâce aux échanges avec les différents auteurs sans compter la phase de relecture. J’en profite pour adresser un remerciement à tous les contributeurs et je remercie tout particulièrement Catherine Jackson, coordinatrice de la collection, avec qui la collaboration fût exemplaire. Cet ouvrage fût aussi l’occasion pour l’Enssib de retravailler sur ces contrats d’édition qui sont maintenant plus en phase avec les évolutions numériques.
Dans le cadre ses 20 ans de l’école, ce livre donne aussi lieu à une version numérique accessible librement en streaming (lien à venir). Vous pouvez commenter chaque article. En complément de la version papier, vous y trouverez un entretien avec Michel Fingerhut à propos des moyens de médiation numérique mis en oeuvre sur le portail de la musique contemporaine. Il est probable que chaque auteur publie aussi en ligne sur son site ou sur son blog sa propre contribution. Les 3 miennes seront mises en ligne progressivement sur ce blog.
Présentation
Depuis quelques années les bibliothèques ne cessent de prendre place sur internet: catalogues en ligne, sites web devenant peu à peu des portails de services, blogs et tous les avatars du web participatif ainsi que les réseaux sociaux. Si l’objectif est bien d’être présent dans l’univers numérique des usagers existants ou potentiels, en revanche les bibliothèques doivent garder leur spécificité sous peine d’être noyées dans le flot général. Il s’agit notamment de transposer en ligne la médiation documentaire, c’est à dire tous les moyens que nous mettons en œuvre pour favoriser la rencontre d’un lecteur avec les documents susceptibles de l’intéresser ou de lui ouvrir de nouveaux horizons.
Cet ouvrage réunit une dizaine d’auteurs d’horizons divers (universitaire, bibliothécaire et libraire) pour vous donner d’une part un cadre général sur la médiation documentaire numérique et d’autre part des exemples destinés à vous servir d’inspiration pour améliorer ou vous lancer dans ce domaine.
Sommaire
Partie I – Le périmètre de la médiation numérique documentaire
-La médiation numérique dans le cadre d’une politique documentaire raisonnée : l’exemple de la MIOP, par Jérôme Pouchol
-Définition et enjeux de la médiation numérique documentaire, par Isabelle Fabre et Cécile Gardiès
-La médiation documentaire numérique dans les musées: entre autonomie et prescription par Genevieve Vidal
-A propos de Bibliomab, une approche de la médiation documentaire numérique du patrimoine, par Léo Mabmacien
-Médiation documentaire et les services de Q/R, Claire Nguyen
Partie II – Construire son projet de médiation numérique documentaire
– Définir son projet: 5 étapes incontournables, par Franck Queyraud
– Construire la médiation documentaire par les publics: les portails thématiques de l’Infothèque, par V. Mesguich
– Scénariser le catalogue et contextualiser les recherches : la librairie en ligne Bibliosurf, Par Bernard Strainchamps
– Eléments pour une évaluation de la médiation documentaire numérique, X Galaup
Partie III – Se former et accompagner les équipes
-Inclure la médiation documentaire numérique dans le travail d’équipe, par Didier Desmottes
-Acquérir une culture numérique et utiliser les outils de médiation, par Thomas Chaimbault
-Concevoir et faire fonctionner un blog de bibliothèque : quelques pistes concrètes à partir de l’exemple du Buboblog Perrine Helly
-CherMédia : l’agora des bibliothécaires du Cher, par Christine Perrichon
-Le magazine en ligne des bibliothèques de Lyon : Points d’Actu !, une voix singulière Bertrand Calenge
Partie IV – Interagir en ligne, produire des contenus, partager
-Silence on joue!: Le médiateur, les jeux vidéo et les ressources documentaires, par Julien Devriendt
-Les Coups de cœur 2.0 de la Médiathèque de Quimperlé, par Pascal Thibault
-Exemple d’un netvibes thématique en médecine Marie-Gabrielle Chautard
-Mise en valeur d’un fonds patrimonial autour du centenaire de Jean Carbonnier (1908-2003), doyen de la Faculté de droit de Paris, fondateur de la sociologie juridique / Noelle Balley et de Sébastien Dalmon
-Utiliser les réseaux sociaux littéraires pour la médiation documentaire numérique, par Alexandre Lemaire
-Critiques de documents dans un catalogue participatif, par Philippe Diaz
MEMENTO, Par Xavier Galaup
Retour d’expériences (épisode 1) : Le Web, les bibliothèques et nous… : des expériences concrètes en bibliothèques, compte-rendu d’une journée d’étude ABF PACA
Organisée par l’ABF PACA, le jeudi 15 décembre 2011 à la médiathèque de Saint-Raphaël avait lieu la première journée d’étude d’une série baptisée : «Retour d’expériences (épisode 1) : Web, bibliothèques et nous…».
Le principe de ce premier épisode était de présenter des expériences très concrètes d’usages et d’utilisations des nouveaux outils qui n’existaient pas il y a dix ans. Une seconde journée aura lieu en décembre 2012 autour des recommandations de lecture et du livre numérique et des différentes manières d’animer le tout ! 😉
Du concret, je vous dis ! Photographie de François Morey
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Premier intervenant, Bruno Neveux, bibliothécaire musical à la Médiathèque de Guebwiller (68) avait fait un long déplacement pour évoquer une expérience de musique en ligne sur le portail calice 68, menée dans les bibliothèques alsaciennes, expérience propulsée par Xavier Galaup dont on retrouvera sur son blog, le premier bilan de streaming musical en bibliothèques.
Voici la présentation de Music Me, offre de musique numérique dans les bibliothèques alsaciennes par Bruno Neveux
Cette première intervention et la suivante (Culture Wok) ont pu être filmées et podcastées. Malgré une qualité qui n’est pas parfaite (les intervenants et leurs spectacteurs voudront bien nous en excuser), il nous a semblé intéressant tout de même de vous faire partager le contenu et la parole de nos intervenants. Voici donc la présentation de Bruno Neveu dans la Vidéo 1 et la Vidéo 2
Le document de présentation est ci-dessous sous deux formes : en ligne, en cliquant sur l’image ou en bas pour la récupérer.
Vous pouvez la récupérer ici : Music Me Saint Raphaël 15 12 2011
Dis-moi où tu lis, et je te dirai qui tu es ! Photographie de François Morey
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Ne cherchez plus : Trouvez ! Tel est le slogan de Culture Wok, un moteur de recherche sensitive ! Sensitive, oui, terminé le catalogue « bassement » descriptif (je plaisante !). De l’info, du lien, de l’enrichissement, on veut ! maintenant : lecteurs et bibliothécaires !
Renaud Garcia, le créateur de l’univers Culture Wok est venu ensuite détailler cet outil qui permet aux bibliothécaires et à nos usagers de participer à un moteur de recherche sensitive. Médiation, vous avez dit ?
La présentation de Renaud Garcia se déroule dans la vidéo 3 et la vidéo 4.
et son power point, en cliquant sur l’image :
Vous pouvez également le récupérer ici : CultureWoK Saint Raphael journée ABF
Enfin, les tarifs 2012 de Culture Wok sont ici : Grille tarifaire 2012 pour les bibliothèques
et la plaquette d’information : PLAQUETTE_CULTUREWOK_
Information importante :
L’ABF PACA, LIBRAIRES DU SUD et L’ AGENCE REGIONALE DU LIVRE PACA ont en projet pour 2012 : « Livres dans le Wok ». Pour mémoire, il s’agit d’un projet de création d’un site internet collaboratif destiné aux acteurs de la chaîne du livre, basé sur le moteur de recherche sensitive Culture Wok, consistant à introduire des recommandations de lectures sur des ouvrages choisis par des bibliothécaires et des libraires et leur permettre d’effectuer leur principal rôle commun : la médiation et le conseil. Coordonné par l’ARL, le projet sera réalisé en partenariat entre l’association Libraires du Sud et l’ABF PACA. Dans un premier temps il sera « expérimental », l’idée est de proposer à dix médiathèques et dix librairies de PACA de constituer la base de documents. Celle-ci sera ensuite pérennisée et proposée à d’autres bibliothèques et librairies de toute la région. Première réunion prévue dans le premier semestre 2012. Si vous voulez en savoir plus, me contacter : franckqueyraud at gmail com. (Président ABF PACA)
Non ce n’est pas un moine de l’Abbaye d’Eco travaillant sur une encyclopédie !
Photographie de François Morey
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En début d’après-midi, pour cause d’encombrement de l’auditorium du Centre Culturel, nous avons poursuivi la journée dans les salles du troisième étage, et malheureusement, aucun film n’a pu être saisi.
Nous avons toutefois eu la joie d’accueillir un « wikimidien », membre actif de Wikimédia France qui gère projets et encyclopédie Wikipédia : Hervé Goldberg venu des hautes terres picardes pour nous parler des projets de Wikimedia avec les bibliothèques.
Voici sa présentation : Projets Wikimedia hervé goldberg Présentation ABF PACA
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Lire, on peut n’importe où ! Photographie de François Morey
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Pour clôturer cette journée, nous recevions Alexandre Simonet, Chef de projet prospective et médiations, arts et cultures numériques au Carré d’Art bibliothèques de Nîmes. Il venait nous parler : de l’art numérique en bibliothèque une chance pour le web 2.0 : Kiibook (livres d’art numérique) et cartographie culturelle.
Cela faisait longtemps que nous souhaitions inviter, Alexandre. Il nous présenta d’abord cette expérience remarquable nommée : Kiibook qui permet de créer des livres d’artistes numériques. En 2010, Alexandre avait eu la gentillesse de répondre à mes questions sur ce blog : créer des livres d’artistes ou l’expérience Kiibook du Carré d’Art Bibliothèques de Nîmes : rencontre avec Alexandre Simonet. L’opération continue et vous pouvez contacter Alexandre si vous envisagez un développelent d’ateliers Kiibook au sein de votre médiathèque.
Enfin, il nous présenta son nouveau projet, tout aussi formidable, alliant nouvelles technologies, cartes interactives, mémoires des citoyens nîmois et documents du patrimoine conservés dans les bibliothèques : De nîmes vers ailleurs, expérience de cartographie culturelle en bibliothèque. Voici ce qui est écrit sur le site, à propos du projet :
« De Nîmes vers ailleurs est un projet de médiation culturelle dédié à la cartographie numérique en bibliothèque. Il prend comme arrière plan Nîmes et son agglomération et cherche l’ouverture vers un ailleurs constitué d’expériences cartographiques similaires. Les tenants et les aboutissants du projet : sur le wiki de Labomedia
La cartographie interactive, une pratique culturelle à part entière
On ne compte plus en effet les sites web, ni les applications S.I.G (systèmes d’informations géographiques), fixes ou mobiles qui permettent de mettre en scène et de partager des données géolocalisées en temps réel. De nombreuses personnes envisagent la cartographie numérique comme un nouvel espace d’expression culturelle des réseaux sociaux et des territoires. Dotés d’une très forte expressivité ¹, ces outils constituent de véritables objets de savoirs et de connaissances issus des réalités autochtones permettant de valoriser les fonds locaux et/ou patrimoniaux des bibliothèques ou des musées.
Un outil culturel multifonction
De Nîmes vers ailleurs se présente donc sous la forme d’un outil éditorial permettant la présentation et la réunion des projets cartographiques. Il aide également à la création et à l’exportation de cartes interactives.
A qui s’adresse ce projet ?
Ce projet s’adresse à vous, que vous soyez nimois ou non, lecteurs, géographes, pédagogues, archéologues, historiens, artistes, acteurs du tourisme, médiateurs, étudiants, designers, informaticiens, journalistes, paysagistes, chercheurs ou simple curieux. Si vous avez un projet n’hésitez pas à nous le faire savoir en nous écrivant à bibliotheque.ecm@ville-nimes.fr
«Toute carte est prise dans un héritage quelle prolonge et transforme. Elle est la pointe provisoirement ultime d’une bibliothèque ou d’une cartothèque.» Jean Marc Besse in « Cartographie », Les carnets du paysage « Actes Sud et l’école nationale supérieure du Paysage », 2011. »
Deux projets qui ont ravis les participants à cette journée « retours d’expériences »… Elle aura démontré qu’avec un peu d’imagination (et pas seulement des moyens financiers), les bibliothécaires d’aujourd’hui ont des outils qu’ils peuvent utiliser pour créer des projets de médiation pertinents et actuels, modernes et novateurs. Arrêtons donc de voir dans le web une menace et imaginons, apprenons aussi et formons-nous aux nouveaux outils à notre disposition. Il faudra également faire évoluer l’offre de formation professionnele auprès des organismes habilités en régions (CNFPT, CRFCB, ENSSIB, ARL et même ABF…).
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Enfin, nous voudrions vous signaler que les photos de lecteurs et de lectrices sont l’oeuvre d’un ancien bibliothécaire : François Morey, bibliothécaire en retraite du côté de la Baie des Anges et ci-dessus en pleine occupation pour devenir le mécanicien de la battemobile… Le métier de bibliothécaire méne à tout ! Au fait (merci), François, lors de sa journée était venu exposer ces photographies : il y en a d’autres qu’ils se proposent d’exposer gracieusement dans vos bibliothèques. Si vous êtes intéressés, vous pouvez les voir ici et ici (c’est sur Facebook) ou contacter François, directement : francois.morey (at) yahoo (.) fr
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A suivre… Retours d’expériences (épisode 2) en décembre 2012 : recommandations de lecture et livres numériques dans tous leurs états… A suivre sur les pages régionales PACA du site de l’ABF. Pensez à adhérer ! Ca peut paraître ringard de militer ou de rejoindre une association, mais plus on est de fous… 😉
Enfin, de chaleureux remerciements pour l’accueil de la Ville de Saint-Raphaël, la présence et le soutien de l’Adjoint à la culture et de la directrice de la médiathèque, ainsi que des collègues de l’ABF PACA et de la Médiathèque de Saint-Raphaël ou du Centre Culturel qui ont aidés à la préparation de cette journée…
Franck Queyraud
Bibliothécaire et président de l’ABF PACA.
Imagine a world without free Knowledge.
Pas de mots ce soir, à cause de SOPA et PIPA, tout est dans le titre…
Silence
Promouvoir en bibliothèque en 2011, la musique, des recommandations de bibliothécaires, du livre d’artiste ou des arts numériques ou faire de l’encyclopédisme : une journée d’étude le 15 décembre
L’Association des Bibliothécaires de France groupe régional PACA (que je préside depuis peu) organise une journée d’étude intitulée :
« Retour d’expériences (épisode 1) : Web, bibliothèques et nous… »
Médiathèque de Saint-Raphaël––Place Gabriel Péri – 83700 Saint-Raphaël
le jeudi 15 décembre 2011
Dans cette journée, il s’agit CONCRETEMENT de montrer des expériences numériques qui sont en cours ou ont eu lieu autour de :
* la musique avec l’expérience sur la musique en streaming développée en Alsace à l’initiative de la BDP du Haut-Rhin et de Xavier Galaup (Président de l’ACIM) : comment continuer à proposer une offre musicale en bibliothèques alors que les individus ont ou vont avoir la possibilité avec leurs abonnements téléphoniques, de télévision ou du web de se passer totalement de nous ? Dommage, non ? Diversité musicale, action culturelle, découverte et conseils… à la trappe ? Quel bilan peut-on tirer de cette expérience alsacienne ? Doit-on généraliser ce modèle ? Nous accueillerons Bruno Neveu, bibliothécaire musical à la Médiathèque de Guebwiller (68), un des animateurs de cette initiative remarquable…
9h30 Présentation de Music Me, offre de musique numérique dans les bibliothèques alsaciennes par Bruno Neveu, bibliothécaire musical – Médiathèque de Guebwiller (68) suivi d’ échanges avec le public
* Comment faire participer nos usagers à la vie de nos catalogues de bibliothèques, donner un peu de vie, de clarté (si j’ose dire) à nos OPAC très, trop stricts : titre, auteur, éditeur, lieu d’édition… Même si la description bibliographique est indispensable et condition pour accéder aux ressources, il nous faut désormais développer la participation des usagers et leur permettre de partager, par exemple, leurs coups de coeur (mais pas seulement !) sur nos outils, pour enrichir nos catalogues, faciliter les recherches et le partage de la connaissance. Tout reste à inventer encore. Renaud Garcia, le créateur du moteur de recherche sensitif Culture Wok, viendra nous présenter ce nouvel outil qui pourrait être associé à nos portails de bibliothèques, être un outil pour développer une vraie relation avec nos usagers. Là encore, nous devrons être dans l’invention dans les années à venir : quelle forme renouvelée au club de lectures, au club d’écoute musicale… ? Comment partager entre professionnels et usagers autour des courants de la vie culturelle ?
10h45 L’univers Culture Wok : faire participer nos usagers à un moteur de recherche sensitive par Renaud Garcia (créateur de Culture Wok) suivi d’échanges avec le public
* L’encyclopédie Wikipédia est devenue en quelques années, un nouveau lieu phare de l’encyclopédisme, un modèle aussi de participation collective, non exempte de critiques ou de polémiques, mais malgré cela, elle s’est imposée. Hervé Goldberg de Wikimédia France viendra évoquer les projets de wikimedia, et les partenariats liés autour de ces projets avec des bibliothèques et des établissements similaires et nous dressera un bilan de ces partenariats. On pourrait penser un peu rapidement qu’avec le numérique, les bibliothèques ne sont plus des lieux où chercher de l’information : le numérique nous donne de nouvelles portes d’accès jusque là cachées ou difficilement accessibles au commun des mortels ! A nous, les professionnels de l’information, d’organiser et de signaler les nouvelles ressources et participer aux projets de Wikimédia, par exemple.
14h L’encyclopédie Wikipédia dans les bibliothèques : expériences par Hervé Goldberg de Wikimédia France (Précisions à venir) suivi d’échanges avec le public
* Enfin, la journée se terminera par l’intervention d’Alexandre Simonet qui travaille à la bibliothèque Carré d’Art de Nîmes et qui a su renouveler le monde du livre d’artistes en l’adaptant au numérique avec l’expérience Kiibook . J’ai consacré un billet et une interview à ce travail, je vous invite à relire ici. Alexandre nous parlera également projets autour des arts numériques et de cartographie culturelle… Là aussi, à nous d’explorer le web et de présenter à nos publics, des initiatives qui sont parfois un peu perdues sur le Web.
15h30 De l’art numérique en bibliothèque une chance pour le web 2.0 : Kiibook (livres d’art numérique) et cartographie culturelle par Alexandre Simonet, Chef de projet prospective et médiations, arts et cultures numériques au Carré d’Art bibliothèques de Nîmes suvi d’échanges avec le public
Cette journée est le premier épisode d’une série consacrée à des retours d’expériences concrétes dans les bibliothèques. La prochaine aura lieu en 2012 autour de la médiation numérique, de la recommandation et des livres numériques. Date et lieu seront précisés prochainement.
Pour vous inscrire, il reste encore des places, c’est ici.
Je remercie ici les intervenants pour leur future participation. Un grand merci également à nos partenaires (Région, Drac PACA, BDP13) et bien entendu, à la Ville de Saint-Raphaël qui nous accueille une nouvelle fois pour une journée qui s’annonce passionnante et au coeur des préoccupations de notre profession en version bêta perpétuelle !
Franck Queyraud
Président ABF PACA
Coordinateur du groupe ABF Bibliothèques Hybrides
« Ce que je trouve dommage dans le monde de l’édition… »
» Ce que je trouve dommage dans le monde de l’édition, c’est qu’il faut toujours que le livre entre dans un catégorie : science-fiction, polar, littérature classique… Et ça, ça a un but commercial. J’allais souvent dans une bibliothèque qui avait un programme informatique qui permettait à la bibliothécaire de dire à ses lecteurs si vous avez aimé tel bouquin, alors vous aimerez celui-ci. C’est une approche vraiment réductrice de la lecture. Quand j’ai écrit The Locust Room (Jonathan Cape, 2011), on a décrété que mon livre était un polar parce que je parlais d’un homme qui avait violé treize femmes. C’est d’ailleurs tiré d’une histoire vraie. Cette histoire était dans mon roman, mais elle n’en était pas au centre. Mais comme il y avait une scène dans laquelle le violeur se trouvait dans la chambre d’une femme, on a décidé qu’il s’agissait d’un polar. Je trouve ça dommage.
J’ai décidé de choisir une structure simple à mes romans, pour permettre au lecteur de se concentrer sur les idées qui pour moi sont les plus importantes. »
[John Burnside : entretien avec Thierry Guichard, page 24 du dossier consacré à l’écrivain. – Le Matricule des Anges, n° 127, Octobre 2011… ]
Si vous aimez les découvertes, pensez à lire ou acheter cette revue tellement indispensable… chemins de traverse assurés…
Silence
et si on mettait le livre sur des écrans ?
« Le livre n’est pas concurrentiel face à l’écran. Le cinéma l’a emporté, puis la télévision, aujourd’hui l’ordinateur. L’écran l’emportera toujours. »
Philip Roth… j’aime Philip Roth, je jubile souvent en lisant les livres de PR mais là… on a envie de lui répondre :
et si on mettait le livre sur des écrans ?
Mince, répète l’écho, ça existe déjà et ça s’appelle le livre numérique 😉
Il était plus drôle avant, ce cher PR…
Silence
Hommage à Michael Hart, le père du projet Gutenberg par Hervé Le Crosnier
Le projet Gutenberg est orphelin : décès de Michael Hart
Michael Hart est décédé le 6 septembre, à l’âge de 64 ans. Il restera dans l’histoire de la culture numérique comme le fondateur du « projet Gutenberg », un projet coopératif majeur datant des débuts de l’internet et ayant réussi à créer un gigantesque fonds de livres numérisés offerts en partage.
Il y a quarante ans, en juillet 1971, le jeune Michael Hart reçoit son sésame pour utiliser, en temps partagé, l’ordinateur Xerox de l’Université d’Illinois à Urbana-Champain. Peu versé sur le calcul, il se demande ce qu’il pourrait bien faire d’utile à la société à partir d’un tel outil, limité, n’utilisant qu’un jeu de caractères en capitales, et très lent en regard des ordinateurs d’aujourd’hui. Il utilisera son temps pour recopier la « Déclaration d’Indépendance » des États-Unis, en songeant aux idées de bibliothèques universelles lancées par les « pères fondateurs » de l’informatique, notamment Vannevar Bush, Joseph Licklider ou Ted Nelson. Le fichier pesait seulement 5 kilo-octets, mais il du renoncer à sa première idée d’envoyer le texte à la centaine d’usagers ayant une adresse sur Arpanet, car cela aurait bloqué tout le réseau. Il le mit donc en dépôt sur un serveur pour un libre téléchargement (sans lien hypertexte, une notion qui n’existait pas il y a quarante ans). Même s’ils ne furent que six à profiter de l’offre, on considère que le premier « livre électronique » du réseau informatique avait vu le jour. Ce fut d’ailleurs le livre numérique le plus cher de l’histoire, Michael Hart ayant un jour calculé une valeur approximative de son accès à l’ordinateur et l’évaluant à 1 million de dollars.
Michael Hart a continué sur sa lancée pour rendre disponible la plus grande quantité de livres possible. Même si les premiers textes étaient difficilement lisibles, sans typographie, en lettres capitales, sans mise en page,… il n’a jamais dévié de sa volonté de rendre les œuvres disponibles à tous. Pour cela, il s’appuyait sur une caractéristique essentielle du document numérique : la reproduction et la diffusion via le réseau ne coûte presque rien, et même de moins en moins quand les machines et les tuyaux deviennent plus performants. Comme il l’écrivait encore en juillet dernier, « à part l’air que nous respirons, les livres numériques sont la seule chose dont nous pouvons disposer à volonté ». Et il anticipait sur les usages à venir au delà de la lecture, comme l’analyse du texte, la comparaison de mots, la recherche par le contenu, l’établissement de correspondances ou les études linguistiques ou stylistiques assistées par l’ordinateur.
Longtemps son credo fut celui du « plain vanilla ascii », c’est à dire de refuser toute mise en page afin que les textes soient accessibles à toutes les machines, par tous les utilisateurs. Ceci conduisait les volontaires du projet Gutenberg à un codage particulier des accents, placés à côté de la lettre concernée. Mais sa méfiance devant HTML a disparu quand le web est devenu le principal outil de diffusion des écrits numériques : l’universalité passait dorénavant par le balisage, et l’utilisation de UTF-8, la norme de caractères qui permet d’écrire dans la plus grande partie des langues du monde.
Comme son projet, disons même sa vision, était généreuse et mobilisatrice ; comme il possédait un grand sens de la conviction et de l’organisation et proposait un discours radical, il a su regrouper des millions de volontaires pour l’accompagner dans sa tentative de numériser le savoir des livres. Des volontaires qui ont commencé par dactylographier les textes, puis utiliser scanner et reconnaissance de caractères, mais toujours incités à une relecture minutieuse. On est souvent de nos jours ébahi devant les projets industriels de numérisation. Nous devrions plutôt réfléchir à la capacité offerte par la mobilisation coordonnée de millions de volontaires. Construire des communs ouverts au partage pour tous répond aux désirs de nombreuses personnes, qui peuvent participer, chacune à leur niveau, à la construction d’un ensemble qui les dépasse. Dans le magazine Searcher en 2002, Michael Hart considérait cette situation comme un véritable changement de paradigme : « il est dorénavant possible à une personne isolée dans son appartement de rendre disponible son livre favori à des millions d’autres. C’était tout simplement inimaginable auparavant ».
La volonté de Michael Hart lui a permis de poursuivre son grand œuvre tout au long de sa vie. S’il fallut attendre 1994 pour que le centième texte soit disponible (les Œuvres complètes de Shakespeare), trois ans plus tard la Divine Comédie de Dante fut le millième. Le projet Gutenberg, avec ses 37000 livres en 60 langues, est aujourd’hui une des sources principales de livres numériques gratuits diffusés sous les formats actuels (epub, mobi,…) pour les liseuses, les tablettes, les ordiphones, et bien évidemment le web. Les textes rassemblés et relus sont mis à disposition librement pour tout usage. La gratuité n’est alors qu’un des aspects de l’accès aux livres du projet Gutenberg : ils peuvent aussi être transmis, ré-édités, reformatés pour de nouveaux outils, utilisés dans l’enseignement ou en activités diverses… Le « domaine public » prend alors tout son sens : il ne s’agit pas de simplement garantir « l’accès », mais plus largement la ré-utilisation. Ce qui est aussi la meilleure façon de protéger l’accès « gratuit » : parmi les ré-utilisations, même si certaines sont commerciales parce qu’elles apportent une valeur ajoutée supplémentaire, il y en aura toujours au moins une qui visera à la simple diffusion. Une leçon à méditer pour toutes les institutions qui sont aujourd’hui en charge de rendre disponible auprès du public les œuvres du domaine public. La numérisation ne doit pas ajouter des barrières supplémentaires sur le texte pour tous les usages, y compris commerciaux… qui souvent offrent une meilleur « réhabilitation » d’œuvres classiques ou oubliées. Au moment où la British Library vient de signer un accord avec Google limitant certains usages des fichiers ainsi obtenus, où la Bibliothèque nationale de France ajoute une mention de « propriété » sur les œuvres numérisées à partir du domaine public et diffusées par Gallica… un tel rappel, qui fut la ligne de conduite permanente de Michael Hart, reste d’actualité.
Le caractère bien trempé de Michael Hart, sa puissance de travail et sa capacité à mobiliser des volontaires autour de lui restera dans notre souvenir. Les journaux qui ont annoncé son décès parlent à juste titre de « créateur du premier livre électronique ». C’est cependant réducteur. Il est surtout celui qui a remis le livre au cœur du modèle de partage du réseau internet. C’est la pleine conscience qu’il fallait protéger le domaine public de la création des nouvelles enclosures par la technique ou par les contrats commerciaux qui a animé la création du Projet Gutenberg. Michael Hart n’a cessé de défendre une vision du livre comme organisateur des échanges de savoirs et des émotions entre des individus, mobilisant pour cela des volontaires, le réseau de tout ceux qui aiment lire ou faire partager la lecture.
Caen, le 10 septembre 2011
Hervé Le Crosnier
Texte diffusé sous licence Creative commons
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